Scandale à la pouponnière
Je suis attérée par les nouvelles de ces derniers jours, hier, en furetant sur le net, à la recherche d'un plan de Bamako, je suis tombée sur un titre qui a attiré mon attention, alertée j'ai lu les articles qui ont suivi :
Nous vous rappelons que L'Indépendant fut le premier à dévoiler cette scabreuse affaire de la mort de trente trois enfants à la Pouponnière et avait même interpellé les plus hautes autorités du pays pour que les responsabilités soient situées et les coupables punis. Depuis le jeudi 26 mai, la justice est en branle avec l'arrestation de la première responsable des lieux. Loin de nous l'intention d'exagérer, mais Mme Diallo Aminata Kéïta risque gros dans la mort des 33 enfants. Un scandale tel qu'on n'en a jamais vu au Mali.
En effet, entre août 2010 et février 2011, 33 enfants dont les âges varient de quelques semaines à 3 ans au plus, sont morts dans des conditions effroyables à la Pouponnière I de Bamako : malnutrition, déshydratation, manque de soins médicaux et d'hygiène.
C'est un rapport de la Brigade des mœurs dirigée par le Contrôleur général de police, Amy Kane, qui a établi cette monstruosité qui s'est produite dans l'indifférence générale.
Son rapport en date du 17 février, faut-il le rappeler, se passe de tout commentaire : "Il a été enregistré la présence de 66 enfants pour 7 nounous. Les enfants souffrent de malnutrition et ceux âgés de moins d'un an ne mangent que du riz. Ils ne portent ni couche, ni habit adapté à la saison. Ceux âgés de deux ans et plus, après le petit déjeuner, n'ont pas droit à un goûter et sont obligés d'attendre 13 heures pour prendre les repas de la mi-journée". Le rapport ajoutait que "les soixante enfants n'avaient droit qu'à un kilo de viande par jour et 10 kilogrammes de riz par jour. Les vingt cinq enfants en âge d'aller à l'école n'ont aussi droit qu'à une miche de pain pour le petit déjeuner, etc".
Il y a lieu de préciser qu'au moment des faits et surtout lors du passage de l'équipe de la Brigade des mœurs, le responsable médical du service avait indiqué que les enfants sont décédés à cause de la dénutrition, la déshydratation et le manque de soins et d'hygiène. Il avait aussi ajouté que les apports nutritifs apportés ne couvraient pas les besoins des enfants.
Nous savons que la Pouponnière qui relève du ministère de la Promotion de l'enfant et de la famille fonctionne sur la base des dons fournis par des structures et organismes de la place. Il est reproché à Madame Diallo Aminata Kéïta une gestion solitaire, sans implication de son personnel dans les décisions et les méthodes à adopter en vue de réunir autour des enfants les conditions minimales favorables à leur épanouissement.
Nous ne pouvons pas donc comprendre qu'avec tous ces dons perçus, les enfants puissent souffrir et mourir de malnutrition, de manque de soins. Elle aura à réponde de la destination des fonds et dons fournis aux enfants de la Pouponnière et l'usage qui en a été fait.
Mme Diallo Aminata Kéita aura aussi à répondre des accusations de faux et usage de faux et trafic d'enfants qui pèsent désormais sur elle. Il est même signalé la disparition d'enfants dans des circonstances non encore élucidées. L'ex-directrice aura, sans nul doute, à s'expliquer devant le tribunal sur ces cas. Elle ne sera pas la seule. On nous signale aussi l'arrestation d'autres personnes qui vont, elles aussi, répondre à des cas de disparition d'enfants. C'est donc un vaste réseau criminel que la Brigade des mœurs est en train de démanteler.
Nous y reviendrons.
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31 mai 2011 :
L'affaire des 33 bébés morts à la Pouponnière 1 de Bamako n'aurait jamais éclaté au grand jour n'eut été l'éviction du gouvernement de l'ancienne ministre de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, Mme Maïga Sina Damba qui a essayé de protéger la directrice dudit centre, Mme Diallo Aminata Kéita, qui fut arrêtée la semaine dernière. Aujourd'hui, ses anciens collaborateurs lui reprochent d'avoir imposé la dame au centre de la controverse en violation flagrante des règles en vigueur. D'habitude, la nomination de la directrice la Pouponnière I de Bamako relevait du directeur national de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, mais c'est le ministre qui s'est arrogé cette prérogative la dernière fois. C'est pourquoi, par l'entremise d'un de ses cadres, elle a tenté d'étouffer l'affaire par la tentative d'achat de journalistes au courant des enquêtes ouvertes depuis la fin de l'année dernière.
En effet, suite aux multiples cas de décès d'enfants constatés au niveau de la pouponnière I, le Commandant de la brigade chargée de la protection des mœurs et de l'enfance, le contrôleur général de police, Ami Kane en compagnie de l'inspecteur de police Aïssata Cissé et de l'adjudant Lamine Traoré, y a effectué une première visite le 31 décembre 2010. L'équipe a aussi constaté que tous les enfants souffrent de malnutrition, en ce sens que ceux âgés de moins d'un an ne mangent que du riz. Ils ne portent ni couche, ni habit adapté à la saison pour leur protection contre les intempéries. Ceux âgés de deux ans et plus, après le petit déjeuner n'ont plus droit à un goûter et sont obligés d'attendre 13 heures pour prendre les repas de la mi-journée. Il ressort toujours du rapport de la Brigade des mœurs que le docteur Kalilou Traoré, interrogé sur l'état de santé des enfants, a indiqué que leur état est dû à la mauvaise qualité du lait qu'ils consomment et cela malgré tous les conseils qu'il a prodigués à la directrice sur l'alimentation des enfants. Trois enfants de moins d'un an présentait, à l'époque, une fracture aux jambes en raison de l'utilisation des berceaux en bois non adaptés. Le rapport ajoute que le manque d'hygiène et de personnel d'encadrement constitue un sévère handicap à la bonne marche de la structure et tiennent leur part dans les maladies dont souffrent et meurent les enfants.
Au lieu de tirer les leçons des résultats des enquêtes en prenant des mesures qui s'imposent, l'ancienne ministre de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, Mme Maïga Sina Damba aurait plutôt cherché à étouffer l'affaire. S'appuyant sur l'un des cadres de son département, elle aurait tenté d'obtenir le silence de tous les journalistes au parfum de cette scandaleuse et sombre affaire qui cache très mal la gestion qu'on fait de cette structure dont certains se servent pour s'enrichir. A défaut donc d'être coupable, l'ancienne ministre porte tout au moins une responsabilité morale dans la mort de 33 pauvres enfants.
Abdoul Karim Maïga
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27 mai 2011
L'affaire des 33 enfants morts à la Pouponnière 1 de Bamako entre août 2010 et février 2011, a connu hier un nouveau rebondissement. Aux environs de 15 heures, la première responsable des lieux, Mme Diallo Aminata Kéita, a été arrêtée et mise en garde à vue à la Brigade des mœurs de Bamako. Cette arrestation qui est consécutive à un rapport accablant de cette brigade dirigée par le contrôleur général de police, Ami Kane, risque d'éclabousser l'ancienne ministre de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, Mme Maïga Sina Damba accusée d'avoir tenté d'étouffer l'affaire en son temps.
L'affaire des 33 bébés morts à la Pouponnière I de Bamako qui défraie la chronique depuis plusieurs semaines, a fait sa première sa première victime en la personne de la directrice dudit centre, Mme Diallo Aminata Kéita, qui fut arrêtée hier. C'est la conséquence logique d'un rapport en date du 17 février dernier dressé par la Brigade des mœurs suite à une série de visites de ses agents.
En effet, suite aux multiples cas de décès des enfants constatés au niveau de la pouponnière I, le Commandant de la brigade chargée de la protection des mœurs et de l'enfance en compagnie de l'inspecteur de police Aïssata Cissé et de l'adjudant Lamine Traoré, y a effectué une première visite le 31 décembre 2010. L'équipe a aussi constaté que tous les enfants souffrent de malnutrition, en ce sens que ceux âgés de moins d'un an ne mangent que du riz. Ils ne portent ni couche, ni habit adapté à la saison pour leur protection contre les intempéries. Ceux âgés de deux ans et plus, après le petit déjeuner n'ont plus droit à un goûter et sont obligés d'attendre 13 heures pour prendre les repas de la mi-journée. Il ressort toujours du rapport de la Brigade des mœurs que le docteur Kalilou Traoré, interrogé sur l'état de santé des enfants, a indiqué que leur état est dû à la mauvaise qualité du lait qu'ils consomment et cela malgré tous les conseils qu'il a prodigués à la directrice sur l'alimentation des enfants. Trois enfants de moins d'un an présentent une fracture aux jambes en raison de l'utilisation des berceaux en bois non adaptés. Le rapport ajoute que le manque d'hygiène et de personnel d'encadrement constitue un sévère handicap à la bonne marche de la structure et tiennent leur part dans les maladies dont souffrent et meurent les enfants.
Après la première visite de l'équipe de la Brigade des mœurs à la pouponnière I, suite aux récurrents cas de décès d'enfants, une seconde visite a été effectuée le mardi 7 février 2011 par des enquêteurs du même service.
Les visiteurs, après leur premier passage et au regard des recommandations formulées, avaient espéré une certaine amélioration. Il n'en était rien. Le rapport qu'ils dresseront suite à cette deuxième visite est formel : " nous n'avons constaté aucune amélioration des conditions par rapport à la première visite. Seule la quantité de viande consommée est passée d'un demi-kilogramme à un kilogramme par jour. Et ce, pour dix kilogrammes de riz par jour, constituant le déjeuner des enfants et de tout le personnel soit plus d'une soixantaine de personnes ".
Le rapport ajoute :" Les cuisinières nous ont confié que les vingt cinq enfants en âge d'aller à l'école n'ont droit qu'à quatre miches de pain pour le petit déjeuner. Quant aux nourrissons, leurs besoins en lait ne sont couverts qu'à moitié. Conséquences : trente trois cas de décès pour malnutrition d'août 2010 à ce jour ". C'est-à-dire au moment de l'élaboration dudit rapport, au mois de février 2011.
La Brigade des mœurs, dans son rapport adressé à la Direction de la police judiciaire, a tenu à faire toute la lumière sur les circonstances des décès d'enfants survenus à la pouponnière I. Elle poursuit dans ledit rapport : " Interrogé par nos soins sur les causes de décès au niveau de la pouponnière I, le responsable du service médical dudit service nous a confié que plus de la moitié des cas de décès constatés est due à la dénutrition, la déshydratation et le manque de soins et d'hygiène et que les apports nutritifs apportés ne couvrent pas les besoins des enfants ".
Et d'ajouter : " Pour corroborer cela, il nous a remis une copie de la lettre qui lui a été adressée à ce sujet par le docteur Simpara Aminata Doumbia du Service pédiatrique de l'hôpital Gabriel Touré ".
Il est devenu donc urgent et nécessaire pour les autorités du pays de prendre les mesures qui s'imposent. C'est ce qu'elles firent hier en arrêtant la première responsable de la tragédie, Mme Diallo Aminata Kéita. On dit d'ores et déjà que d'autres interpellations vont suivre et il serait envisageable une interpellation de l'ancienne ministre de la Promotion de la Femme, de l'Enfant et de la Famille, Mme Maïga Sina Damba accusée d'avoir tenté d'étouffer l'affaire.
Rassemblés par ABD